vendredi 5 janvier 2007

Les débuts de son homosexualité


"J'avais dix-sept ans, et je savais bien que je prennais un risque à fréquenter ce square situé entre le lycée et la maison familiale. Nous nous y retrouvions avec quelques camarades à la fin des cours; Pour bavarder entre nous. Pour attendre aussi l'inconnu qui saurait nous séduire. Ce jour là, dans les bras d'un voleur, j'ai senti ma montre quitter mon poigné. J'ai crié. Il s'était déjà enfui. J'ignorais que cet incident banal allait faire basculer ma vie et l'anéantir."

Les débuts de son homosexualité et ses premières souffrances.
D'une famille bourgeoise comme les autres, Pierre Seel, jeune alsacien, très croyant et de bonne famille, va voir sa vie basculer irréversiblement. Lors du vol de sa montre, il se rend au commisariat de police pour le signaler. Au fur et a mesure des questions de l'officier, il comprend qu'il est en train d'avouer son homosexualité. Il sera fiché comme tel dans les dossiers de Police (qui notait tous les homosexuels). Lorsque les Nazis arrivèrent en France, tous les renseignements qu'ils souhaitaient se trouvaient sagement enregistrés.
D'après ce personnage, son homosexualité est une chose "ancrée" depuis l'enfance. Il expose dans son livre "Moi Pierre Seel, déporté homosexuel", certaines anecdotes. Par exemple, ayant 10 ans, il se fait sévérement réprimander pour avoir essayer de communiquer avec une petite fille. "Je dus me confirmer dans l'idée qu'il était interdit d'avoir des élans spontannés de petit garçon vers petite fille. Qui sait si l'homosexualité ne provient pas aussi de la répétition d'incidents comme celui-ci ?" A la plage, il regardait les hommes nus quand ses frères ne le surveillaient pas. Il a été très difficile pour lui de s'avouer son homosexualité. Il a mis beaucoup de temps à l'accepter et à l'admettre. Ses frères aimaient se valoriser en parlant de filles dans l'intimité de leur chambre. Jeune garçon pieu, il confessa une masturbation en pensant à un garçon. Le prêtre lui refuse l'absolution mais en plus le harcèle de question; le résultat est que Pierre se voit comme un monstre, qu'il a extrémement honte du péché et qu'il est hanté par l'enfer. C'est a dix-sept ans qu'il décide de pratiquer son homosexualité. A Mulhouse se trouve une communauté homosexuel. Ceux sont seulement des échanges sexuels, aucunement amoureux, sans question d'argent, juste du plaisir. C'est alors qu'un jour il se fait voler sa montre. " Entré au commissariat en tant que citoyen volé, j'en ressortais homosexuel honteux. [...] J'ignorais que mon nom venait de s'inscrire dans le fichier de police des homosexuels de la ville et que trois ans plus tard, mes parents apprendraient ainsi mon homosexualité. Et surtout, comment imaginer que j'allais, à cause de cela, tomber dans les griffes des nazis ?"


Etude d'un passage.
"Jeune, je pris conscience que cette différence allait mettre une distance irrémédiable entre moi et mes proches. J'avais alors autour de quinze ans et la question de savoir alors comment le vivre, comment le devenir, était âpre. Je fus long à l'accepter et à l'admettre.
Je tentai bien de m'en ouvrir à mon confesseur. Mais je souffris des conséquences de mes audacieuses confidences. L'aveu d'un simple mastrubation faisait que le prêtre me refusait l'absolution. Cela me jetait des nuits entières dans la hantise de l'enfer et dans la honte du péché. Aiguisé par mes embarras d'adolescent, il poussait plus loin ses investigations, et la question du désir homosexuel surgissait tout naturellement. Il fouillait ainsi dans l'intimité de ma conscience avec le voyeurisme d'une caméra impudique. Provoquantes, ses questions enflammaient mon imagination ou avivaient les angoises. As-tu fais ceci ? En avais-tu envie ? Avec qui ? Comment ? Où ? Quand ? Combien de fois ? As-tu de la honte ou du plaisir ? Quand le harcèlement cessait, j'avais la conviction que je n'étais qu'un monstre.
Je fus longtemps prisonnier du cycle confession-communion, avec l'absolution érigée en barrière douanière entre l'aveu et l'hostie. Un oubli, une cachotterie, un détail en trop ou en moins et ma sensation de culpabilité décuplait. Mon adolescence fut marquée par cette inquiétude sans relâche qui m'isolait des autres. J'imaginais bien que ceux qui étaient plus résistant que moi s'en sortaient en esquivant ou en assumant de mentir. Etaient-ils pour autant indemnes spychologiquement ? Mon refus de mentir percutait de plein fouet cette volonté de savoir qui prennait plaisir à asservir des êtres jeunes et fragiles. Ma haine de tout trucage s'en est trouvée renforcée. Être contraint à mentir, la conscience en charpie, m'apparaît pire que tout. Ces douloureux moments de confessions obligée altérèrent gravement ma foi."

Ces confessions religieuses ont été les premiers touments de Pierre Seel concernant son homosexualité. La religion lui était primordiale. Il s'en senti très mal depuis lors et a refoulé son homosexualité jusqu'à ses dix-sept ans. Il a été très marqué par le voyeurisme de la religion à l'égard de la sexualité considérée comme contre-nature car ce passage reste un moment très clair de son adolescence. Il a vécu ces interrogatoires comme une atrocité, avant goût des multiples persécutions dont il sera la victime. Cependant, il explique un peu plus loin que "le confessional n'entendait plus la chronique de [ses] émotions. [Il] avait renoncé à évoquer le plaisir et l'amour à ces oreilles sélectives et dirigistes. [Il] pratiquait [son] homosexualité."

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