mercredi 3 janvier 2007

Direction Smolensk


Novembre 1941. Les atrocités continuaient tranquillement, programmées au bon vouloir des SS. Une seule pensée permettait de ne pas devenir fou et trouver la force de se battre, c'était l'espoir de rentrer chez eux, ceux qu'ils aiment, retrouver un lit, rentrer chez eux... Un jour, Pierre Seel se fit convoqué à la Kommandantur, bureau du chef de camp. Celui ci lui fit un discours cérémonieux, le ton grave. Il lui expliqua que compte tenu de sa bonne conduite, il avait le droit de quitter le camp. Il pouvait être alors un citoyen à part entière. Une dernière formalité, le chef lui fit signé un document frappé de l'aigle allemand, avec ordre de ne rien dire de tout ce qu'il avait put voir ou entendre, car sinon il reviendrait très rapidement entre les barbelés de l'enfer. Pierre signa sans lire, comme il devait le faire. Il put sortir alors par la porte réservé aux hommes dignes du Reich, avec de quoi prendre le train pour Mulhouse. Arrivé chez lui, la famille s'aligna à l'attitude de son père. Pas un mot, pas une question sur ce qui avait bien put se passer. C'était comme si tout cela n'avait pas existé. Il retrouva sa chambre et son confort, mais le changement fut très brutal. Il fut pris d'énormes fringales, et ne pouvait dormir dans un lit. Les médecins vinrent soigner sa dysenterie. Il devait alors pointer tous les jours à la Gestapo. A par cela, il passait son temps enfermé dans sa chambre, sans parler. Quatre mois se déroulèrent ainsi. Cependant, l'Allemagne s'attaquait à l'URSS et avait besoin d'homme. Il fut donc obligé d'aller au front, sous uniforme allemand. Durant trois années, il parcourut l'Europe en tous sens. Il fut ordonnace d'un officier allemand duquel il s'occupait. On lui apprit à se servir d'une arme, afin de le former pour la guerre. Il alla en Autriche, puis près de la frontière Hollandaise. Après cette préparation à la guerre, il retourna quelques jours chez lui, avant d'être à nouveau convoqué pour la guerre. Sa destination était la Yougoslavie; qui envahit depuis un an et demi, résistée plus que jamais. Il dut alors tuer femmes et enfants, sous les ordres, afin de punir les résistants qui se cachaient dans les montagnes. Un jour, il rencontra un partisan au détour d'un chemin escarpé. Ce fut Pierre Seel qui sorti vivant, mais avec une fracture à la mâchoire qui lui permit de ne pas retourner directement en première ligne. Sans qualification précise, il fut transféré à Berlin comme "gratte-papier". La propagande battait son plein, des croix gammées étaient présentes partout. Il y avait des sortes usines où étaient conçus des bébés blonds, de race aryenne pure. Puis Pierre Seel fût envoyé, au printemps 1943, en Poméranie, à environ cent cinquante kilomètres au nord de Berlin. Il se retrouva dans un parc immense, avec des maisonnettes isolées destinées aux couples aryens. C'est lors du discours d'accueil qu'il comprend il était témoin d'un des programmes à long terme du Reich, celui ci qui voulait en finir avec le mariage et la famille en créant un lien direct entre la procréation et le nazisme. Comme l'idéologie de Hitler devait devenir éternelle, il s'agissait dans ces lieux paradisiaques de concevoir de beaux enfants conformes aux critères raciaux du III° Reich, sélectionnés parmi les étalons d'une belle jeunesse fière de sa mission de procréation anonyme. A l'écart, dans le parc, une clinique d'accouchement et une crèche recueillait le fruit de ces amours programmés. C'était une procréation quasi-animale, la propagande avait fait son oeuvre... car les couples, envesti d'une mission sacrée, n'aspiraient qu'à donner un enfant au Führer. Himmler en était le concepteur fervent. Nous voyons par cela l'importance pour les autorités de reconstruire une race pure et nombreuse. Il y avait même des kidnappeurs en villee qui recherchaient toutes les jeunes têtes blondes. Il revint à Berlin au bout de quelques jours, sans explications sur le but de son séjour. Peu après, il fût muté à la Reichsbank de Berlin, car il savait lire et compter. Il fût rattaché à une équipe qui consistait à échanger les deutsche Mark en drachmes dans les trains, selon la destination.
Le 20 juillet 1944, Hitler échappe à un attentat à Rastenburg. La propagande fit fureur : on avait voulu tuer le Führer... Alors brutalement, Pierre Seel fût envoyé dans un casernement berlinois. Sans spécialité, il eu droit à un entraînement intensif. "La terreur était complète. Les bombardements alliés redoublaient, les tracts pleuvaient... Mais les Berlinois, stoïques, semblaient rester encore majoritairement confiant en leur chef. Tapis dans des constructions militaires souterraines, nous eûmes mission de venir en aide aux civils qui subirent comme nous quarante jours de bombardements consécutifs, nuit et jour. [...] Le rêve du grand Reich se fissurait de partout. Hitler avait perdu la bataille de Stalingrard, les alliés étaient a Rome, le débarquement de Normandie venait d'avoir lieu avec une percée décisive à Avraches, et le débarquement en Provence par de Lattre de Tassigny était imminent. Paris n'allait pas tarder à être libéré. Dans un désordre qui commençait à se généraliser, un semblant de compagnie fut constitué. Ce coup-ci, j'étais bon pour le front russe car l'offensive des Soviétiques piétinait encore sur la rive Est de la Vistule." Pour avoir laisser s'enfuir le cheval de l'officier, Pierre Seel et un jeune alsacien furent envoyés en poste avancé près des lignes Soviétiques. Son ami fût tué d'une balle et lui resta trois jours avec ce mort, attendant qu'on vienne le chercher. Un soir, il surpris son officier écoutant Radio-Londres, ce qui était formellement interdit ! La situation du Reich était désespéré, c'est pourquoi ils décidèrent de s'enfuir. Son officier fût tué quelques jours plus tard, alors Pierre Seel, déserteur solitaire, prit ses papiers comme convenu. Il trouva une petite ferme abandonnée où il reprit des forces. Il décida que si c'était des allemands qui le découvraient, il sera allemand tentant d'échapper aux russes; et si c'était des russes, il serai français évadé d'un camp. Il se rendit au village au bout de deux jours, et tomba sur des russes. Après un interrogatoire, il fût accepté en tant que français et non comme espion. C'est alors que sa vie prit un autre tournant. Il fût protégé et nourris. Il apprit par leur compagnie que la France était libérée. Il espérait un retour rapide en France. Mais ce n'est que plusieurs mois plus tard qu'il parti en direction des autorités françaises: il allait être rapatrié mais mille kilomètres le séparaient encore de son pays natal et de sa famille à qui il n'a jamais cessé de penser. Son retour s'effectua par Odessa et la mer Noire, en train. Beaucoup moururent, complètement épuisé par les souffrances, la chaleur de l'été et les maladies. Le pharmacien de Mulhouse, rencontré par hasard, lui rappela son identité alors oublié, ce qui lui permit de faire savoir à sa famille qu'il était toujours en vie. Il fût désigné par les autorités pour faire régner l'ordre dans le campement. Il était charger de veiller à l'hygiène collective et de régler les querelles. La Croix-Rouge débusqua des membres de la Ligue des Volontaires français grâce à un tatouage de leur groupe sanguin sous un bras en cas de blessures, pour les transfusions sanguines. Seulement voilà, il n'y avait plus de bateaux pour les rapatriés. Ils durent alors, grande troupe, prendre un train par la Roumanie, l'Allemagne, les Pays-Bas puis la Belgique. Encore mille kilomètres dans l'autre sens. Certains moururent à nouveaux au cours du transfert. Les contrôles étaient de plus en plus sévères, et les arrestations bien nombreuses. Il arriva enfin à Paris le 7 août 1945 et dût faire une mise a jour de ses papiers, on lui remit une carte de rapatrié. Mais le retour à la maison était encore loin car les autorités avant besoin de secrétaire afin d'enregistrer les rapatriés et démasquer les fugitifs et leur faux papiers; Pierre Seel fût désigné parmi d'autres. Il rentra en Alsace avec les tous derniers. "A la gare de Mulhouse, la presse nous attendait. Je répondis à leurs questions de façon très laconique. Car, dans mon cas, il n'était pas question de tout dire. Je commençais déjà à censurer mes souvenirs et je réalisais qu'en dépit de mes attentes, en dépit de tout ce que j'avais imaginé, de l'émotion du retour tant espéré, la vrai Libération, c'était pour les autres."

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